Mes recommandations concernant les T.C.A
Les « super aliments » comme les baies de Goji, l’huile de coco ou la maca occupent de plus en plus d’espace dans les rayons des magasins, séduisant par leur côté exotique et leurs promesses santé. Ces produits répondent à une demande de nouveauté, mais aussi à un effet de mode, largement alimenté par le marketing. Comme le souligne Caroline Seguin, diététicienne-nutritionniste, l’intérêt nutritionnel de ces aliments ne repose pas sur des bases aussi exceptionnelles que leur étiquette de « super ». « Les industriels introduisent sans cesse de nouveaux produits, mais ce n’est pas forcément pour répondre aux besoins réels des consommateurs », observe-t-elle, notant le caractère attractif et parfois simpliste de ces aliments exotiques.
L’appellation « super aliment » laisse entendre que certains aliments surpasseraient les autres en termes de bienfaits, une idée séduisante mais réductrice. Caroline rappelle que chaque aliment naturel présente des vertus, pourvu qu’il soit consommé dans le cadre d’une alimentation équilibrée et variée. « Tous les aliments sont super s’ils sont intégrés de façon équilibrée et intelligente, » précise-t-elle, en soulignant qu’aucun aliment n’a le monopole des bienfaits. La nutrition n’est pas une science « en vase clos » ; chaque ingrédient contribue à l’ensemble de l’équilibre alimentaire, et cette notion d’exceptionnalité tend à simplifier à l’excès le rôle de chaque aliment dans notre santé.
Selon Caroline, le phénomène des super aliments répond également à un certain idéal de surconsommation où l’on cherche constamment des produits plus performants, « comme si manger ces aliments pouvait faire de nous des superhéros ». Cependant, elle souligne que ces aliments exotiques ne sont pas irremplaçables : des produits locaux comme la myrtille, la canneberge ou le miel de nos régions offrent des bienfaits similaires sans nécessiter d’importations lointaines. Les aliments indigènes sont souvent mieux adaptés à nos besoins, notamment parce qu’ils poussent dans notre environnement direct. Caroline rappelle ainsi l’importance de privilégier des choix alimentaires locaux, non seulement pour la santé, mais aussi pour limiter l’impact écologique.
Quant à savoir si consommer trop de super aliments comme l’huile de coco, la spiruline ou l’aloe vera pourrait poser problème, Caroline relativise. « À la base, ce sont des aliments naturels aux bienfaits avérés, mais certains nutriments peuvent présenter des effets indésirables s’ils sont consommés en excès, en particulier pour des profils spécifiques, comme les personnes en surpoids. » Un déséquilibre pourrait se révéler lors de bilans sanguins, mais dans l’ensemble, la modération reste la clé pour éviter tout excès.
Enfin, Caroline recommande la prudence face aux tendances alimentaires et conseille à ses patients de diversifier leurs assiettes, en s’appuyant sur des choix quotidiens simples et équilibrés. « Nos grands-parents n’avaient pas ces super aliments mais bénéficiaient d’une santé de fer grâce à des remèdes naturels et traditionnels, » souligne-t-elle. En somme, une alimentation variée, locale et équilibrée suffit pour couvrir nos besoins nutritionnels sans succomber aux effets de mode, même les plus « super ».
Caroline Seguin, diététicienne : «Ces nouveaux aliments apportent un côté exotique»
Huile de coco, baies de Goji, maca… Tous ces produits sont de plus en plus visibles dans les rayons…
Nous avons vu apparaître la même chose avec le soja ou la stévia… On parle ici typiquement d'une mode, du marketing. Les industriels proposent sans cesse des nouveautés sans avoir forcément en tête l'intérêt du consommateur. Il y a aussi un côté exotique quand on consomme des baies de goji ou du maca.
Ils sont appelés «super aliment», que doit-on comprendre dans cette appellation ?
Là, encore, cela ressemble à un slogan. Tous les aliments sont super s'ils sont consommés avec intelligence. Il est impossible de résumer un aliment pour seulement une de ses propriétés. C'est beaucoup plus complexe. La nutrition ne fonctionne pas en vase clos. Selon moi, il n'y a pas de super aliment. Tous les produits bruts ont un intérêt nutritionnel.
D'où vient ce phénomène alimentaire ?
Notre société veut faire de nous des superhéros parce qu'on va manger des super aliments et que nous allons rouler dans des super voitures. Même les légumes aujourd'hui doivent être beaux. Il est gênant de venir stigmatiser certains aliments par rapport à d'autres alors que la nutrition est basée sur le maximum de variétés.
Existe-t-il tout de même des avantages à consommer ces «super aliments» au-delà du business qu'ils représentent ?
C'est évident mais pour la plupart il n'est pas nécessaire d'aller en importer de pays étrangers. Nous avons dans le sud-ouest beaucoup de «super aliments» comme la canneberge, les myrtilles sauvages qui poussent ici et qui ont les mêmes avantages que les baies de Goji. Le miel de nos régions est également excellent pour les défenses immunitaires. C'est prouvé que les aliments qui poussent dans l'environnement d'un humain sont les plus adaptés. Il est vrai que lorsque les «super aliments» sont consommés avec raison ils peuvent apporter de vraies bonnes choses au corps. Je ne diabolise pas ces produits s'ils sont utilisés avec intelligence.
Justement, trop d'huile de coco, d'aloe vera ou de spiruline peut être dangereux ?
Dangereux, je ne dirais pas cela puisqu'à l'origine ces aliments sont naturels et ont des bonnes choses à apporter au corps. Il est certain que les minéraux contenus notamment dans tout ce qui est noix ne sont pas conseillés en surdose pour les personnes en surpoids. Le seul risque concret ce serait des déséquilibres chez certaines personnes qui pourraient se voir lors de bilan sanguin.
Faut-il envisager des assiettes avec des «super aliments» pour être en bonne santé ?
Avec les régimes Dukan, les régimes hyperprotéinés, les stars qui se mettent à manger certaines choses, les «super aliments» connaissent aujourd'hui leurs heures de gloire, dans quelques mois, ce sera autre chose. Je conseille à mes clients de varier un maximum leur alimentation. Les gens sont noyés sous les informations et ne savent plus ce qui est bon ou mauvais. Comme des robots, ils sautent sur toutes les nouveautés. Avec ces modes, nous nous rendons surtout compte qu'un bon grog comme chez nos grands-parents, une bonne cuillère de miel dans la tisane ont toujours fonctionné sans être forcément à la mode.