Marie-Claire du 28 janvier 2023

Mes recommandations concernant les T.C.A

Notre appétit grandissant en hiver trouve ses origines dans une combinaison de facteurs physiologiques, émotionnels et environnementaux. Quand il fait froid, notre corps dépense davantage d’énergie pour maintenir sa température, ce qui entraîne un besoin accru de calories et de nutriments. C’est ainsi que la sensation de faim augmente naturellement en hiver pour répondre à ces dépenses énergétiques. Cette réaction physiologique est gérée par le cerveau, et notamment par l’hypothalamus, qui régule la faim en libérant des neuromédiateurs comme la ghréline (hormone de la faim) et la leptine (hormone de la satiété). En hiver, lorsque les températures chutent, notre organisme tire davantage sur ses réserves de glucose, et les signaux de faim sont donc plus fréquents pour nous encourager à reconstituer ces ressources.

 

Au-delà des besoins biologiques, le froid influence également notre appétit par des facteurs sensoriels et émotionnels. La saison des fêtes, les marchés de Noël, les aliments d’hiver riches et réconfortants multiplient les stimulations sensorielles. La simple vue de certains plats ou les odeurs sucrées et épicées activent des envies alimentaires qui ne sont pas forcément liées à un besoin physique, mais à des sensations de plaisir et de confort. La dopamine, un neurotransmetteur lié à la récompense, est alors libérée, renforçant cette envie de manger des aliments souvent gras ou sucrés.

 

En parallèle, l’hiver est aussi associé à un moral plus fragile et à une fatigue accrue due à la baisse de luminosité et au manque de vitamine D. Ces éléments influent directement sur nos émotions et peuvent provoquer un besoin de réconfort, souvent comblé par des aliments caloriques. Les professionnels de santé remarquent d’ailleurs un pic de consultations pendant cette période de l’année, car le froid et la solitude peuvent accentuer les troubles du comportement alimentaire, notamment chez les personnes sujettes à l’hyperphagie boulimique ou à la restriction excessive, comme dans l’anorexie mentale.

 

Pour contrer ces envies de manger amplifiées en hiver, il est utile d’analyser l’origine de sa faim et de répondre aux besoins de son corps tout en distinguant les envies émotionnelles. Identifier des signes de vraie faim — comme les gargouillements, l’étourdissement, ou la fatigue — et y répondre par un repas nourrissant permet de rester à l’écoute de son corps. Mais lorsque la faim est influencée par des facteurs sensoriels ou émotionnels, il est possible de se faire plaisir avec un en-cas tout en modérant les portions pour éviter les excès.

 

En somme, notre faim plus marquée en hiver est une réponse naturelle aux exigences du froid, mais elle est aussi amplifiée par nos émotions et l’environnement. Prendre conscience de ces différentes influences permet de mieux gérer son appétit saisonnier tout en se faisant plaisir de manière équilibrée.

Pourquoi a-t-on davantage faim quand il fait froid ?

L'hiver rime avec froid, moral en berne et envies de nourritures réconfortantes. D'ailleurs, il semblerait que notre appétit soit davantage important pendant les mois froids, alimenté par des envies de repas copieux. Mais comment s'explique cette faim décuplée ?

 

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Sommaire

 

 

L'hiver est là et le froid s'est finalement installé sur la France. Et alors que les températures baissent et que le givre réapparaît, notre appétit semble décuplé, comme stimulé par un mercure en berne. 

 

"La sensation de faim n'est pas d'ordre digestif mais bien cérébral. Il n'y a pas uniquement une dimension nutritionnelle à satisfaire, mais bien aussi des influences externes, sensorielles et émotionnelles" explique Caroline Seguin, diététicienne nutritionniste.

 

Ainsi, avoir plus faim en hiver serait le fait de notre dépense énergétique plus importante, mais aussi de nos émotions et de notre environnement

 

 

Une dépense calorique plus importante en hiver 

 

La sensation de faim est un mécanisme complexe. "Elle est le résultat de plusieurs influences, qui sont toutes régies par le cerveau et plus précisément par l'hypothalamus. Il libère des neuromédiateurs spécifiques de la faim qui sont la sérotonine, le neuropeptide Y et d'autres", détaille la comportementaliste. 

 

Mais il existe "trois influences spécifiques de la faim : des influences internes, dites biologiques, des influences externes qui sont sensorielles et des influences émotionnelles qui s’ajoutent enfin" poursuit l'experte.

 

Premièrement, avoir faim est d'abord une réaction physiologique, biologique et naturelle de notre organisme à nos efforts quotidiens. Elle est "une réponse au besoin énergétique en calories, c'est-à-dire que nos ressources caloriques réduisent et notre taux de glucose baisse". Mais ce n'est pas tout, certaines hormones naturellement présentes en nous entrent également en jeu. Ce sont la ghréline (l'hormone qui stimule l’appétit) et la leptine (l'hormone qui induit la satiété).  

 

Mais alors pourquoi la saison hivernale est-elle plus propice aux fringales que les autres saisons ? "L'hiver, l'organisme lutte contre le froid, donc la dépense énergétique est accrue. On brûle davantage de calories, on tire davantage sur la glycémie qui descend plus vite. Donc les facteurs de la faim augmentent pour 'réchauffer' notre corps. La température interagit directement avec la glycémie, avec les hormones et donc avec notre sensation de faim", détaille l'experte. 

 

 

Des facteurs extérieurs qui nous donnent faim quand il fait froid

 

Mais au-delà de notre biologie, d'autres facteurs, par exemple sensoriels, jouent également un rôle dans notre envie de manger.

 

"Par exemple, des stimulations extérieures (comme l'odeur d'une boulangerie ou la vue de produits alimentaires alléchants) envoient des signaux sensoriels au cerveau qui libère de la dopamine, qui donne cette envie de manger", explique la professionnelle. Et nos sens sont sur-investis pendant la période des fêtes de fin d'année. Les marchés de Noël, les rayons fournis ou encore les guirlandes et autres décorations stimulent et perturbent notre cerveau. Ils lui envoient un signal erroné et, de fait, augmentent notre envie de manger. 

 

Autre conséquence du froid sur la sensation de faim et de satiété : "en hiver, il y a les vacances, les dimanches chez soi. Ils sont propices à la disponibilité alimentaire. C'est-à-dire qu'on a plus facilement accès à de la nourriture. On a plus de mal à éviter le grignotage, contrairement à lorsqu'on est au bureau, par exemple. Donc on aura plus d'occasions d'assouvir sa sensation de faim", ajoute la diététicienne nutritionniste. 

Nos émotions perturbées par le froid nous poussent à avoir plus d'appétit

 

Mais la période de grand froid est aussi souvent synonyme de mal-être psychique et de perturbations de nos émotions par les retrouvailles familiales ou encore le temps morose. "Il y a aussi une influence émotionnelle sur la sensation de faim, liée ici à notre état psychique et général. L'hiver, on est déprimé, fatigué, il y a une lassitude installée et potentiellement des facteurs sociaux et familiaux qui entrent aussi en compte", précise Caroline Seguin. 

 

La baisse de luminosité, la fatigue de fin d'année, la lassitude engendrée par le manque de vitamine D mais aussi le stress lié à la saison des fêtes semblent se liguer contre nous pour nous pousser à manger davantage : "ce n'est pas forcément la période la plus facile à vivre pour les gens. C'est même la période où nous, les professionnels, nous recevons la majorité des appels de détresse, qui font écho aux rassemblements familiaux, à la solitude". 

 

Ainsi, "cet état psycho-affectif fragilisé donnera cette envie de se récompenser et nous donnera donc plus faim", ajoute Caroline Seguin. Finalement, "tous ces facteurs se cumulent et favorisent un appel au cerveau qui demande un peu plus de réconfort et d’énergie mais aussi des ressources mentales et psycho-affectives".

 

 

Que faire contre une sensation de faim augmentée l'hiver ? 

 

Alors que plusieurs facteurs intrinsèques et extrinsèques jouent un rôle dans notre envie de plus nous alimenter lorsqu'il fait froid, comment s'en défaire ?

 

"La sensation de faim est un appel du corps à trouver de la nourriture. Mais la grande question est de savoir de quels genres de nourritures vous avez besoin. Parfois on a besoin d'énergie, de calories, mais parfois on a besoin d’autres formes de nourritures (sociales, familiales, conviviales). Et le cerveau mélange tout. Et cela favorise l'envie de se faire du bien par l’acte alimentaire". 

 

Concrètement, il peut être utile de commencer par reconnaître les symptômes de la faim que sont l'étourdissement, des bâillements, une baisse de régime et de concentration, une fatigue et surtout des gargouillements. Autre astuce pour ne pas laisser cette envie constante de manger nous pourrir l'hiver : rester vigilant quant à son origine. Par exemple, il est normal d'avoir faim plusieurs heures après le petit-déjeuner, déjeuner ou dîner, "et il faut répondre à ces besoins en mangeant", précise Caroline Seguin.

 

Mais lorsque d'autres facteurs entrent dans l'équation - comme l'activation de nos sens ou nos émotions - nous pouvons les écouter, en nous faisant plaisir, ou les questionner sur leur légitimité. "Il faut analyser ses besoins mais aussi son état émotionnel, son environnement", préconise l'experte. "Car des stimulations et des émotions vont se mêler à l’équation biologique pour intensifier l'appétit, rendant la période hivernale propice à la faim", rappelle-t-elle pour terminer.