Mes recommandations concernant les T.C.A
L’anorexie mentale est l’un des troubles du comportement alimentaire les plus complexes et dévastateurs, touchant principalement les adolescents et affectant profondément leur santé physique et mentale. Ce trouble, bien qu’il soit souvent associé à des préoccupations autour du poids ou de l’image corporelle, dépasse de loin ces apparences : derrière l’anorexie se cachent de multiples facteurs – psychologiques, sociaux, voire génétiques – qui rendent sa prise en charge particulièrement difficile. Ce type de trouble s’inscrit dans un ensemble plus vaste de comportements alimentaires perturbés, que l’on retrouve aussi dans l’hyperphagie boulimique, la boulimie, et d’autres formes de dysrégulation alimentaire.
Les troubles du comportement alimentaire, que ce soit l’anorexie, la boulimie, ou l’hyperphagie boulimique, nécessitent un accompagnement pluridisciplinaire. La complexité de l’anorexie mentale exige, par exemple, une prise en charge complète, où il est crucial d’agir sur les causes profondes : hypersensibilité émotionnelle, pressions sociales ou familiales, et idéaux corporels omniprésents dans la société. Cette approche est aussi indispensable pour d’autres troubles alimentaires, comme l’hyperphagie, où les crises alimentaires incontrôlées sont souvent une réponse à des émotions non régulées.
Les conséquences de ces troubles sont lourdes et vont bien au-delà de l’alimentation. Les complications affectent la vie sociale, scolaire, professionnelle, et dans le cas de l’anorexie, peuvent même causer des dommages corporels graves, comme des problèmes cardiaques ou hormonaux. Ces répercussions, parfois similaires dans les cas d’hyperphagie boulimique, rappellent combien il est important de mobiliser un accompagnement médical spécialisé pour protéger la santé des patients.
Les troubles alimentaires ne sont pas figés et peuvent se rééduquer. Il est donc essentiel d’accompagner et de donner de l’espoir aux patients et à leurs familles. Bien que le parcours puisse être long, une rémission est possible, même pour les troubles sévères comme l’anorexie ou l’hyperphagie boulimique. Il est également nécessaire de déconstruire les stéréotypes autour de ces troubles : ils peuvent toucher toute personne, indépendamment de l’âge, du milieu ou du genre. L'augmentation des cas de TCA chez les enfants et chez les hommes en témoigne.
L'anorexie mentale chez l'adolescent : définition, causes et traitements…
Le site ameli.fr définit l’anorexie mentale comme un trouble des comportements alimentaires (TCA) qui se caractérise par « une restriction des apports alimentaires durant plusieurs mois, voire plusieurs années, conduisant à une perte importante de poids associée à un certain "plaisir de maigrir" et une peur intense de prendre du poids. La personne souffrant d’anorexie mentale a le sentiment d’être toujours en surpoids et cherche à maigrir par tous les moyens ». Cas de vomissements volontaires, activité et exercices physiques à l’excès, limitation de sa consommation d’aliments, prise de médicaments coupe-faim : une personne souffrant d’anorexie mentale peut chercher à limiter sa sensation de faim et à maigrir par tous les moyens
Attention, l’anorexie mentale est à différencier de l’anorexie. L’anorexie est un terme générique qui désigne une perte de l’appétit de manière plus ou moins temporaire.
L’anorexie mentale reste une maladie rare (entre 0,9 et 1,5 % des femmes et de 0,2 à 0,3 % des hommes). Elle touche en grande majorité les femmes, près de 90 % des cas selon la Haute Autorité de Santé (HAS). « Jusqu’à il y a quelques années, c’était une maladie qui était plus féminine que masculine. C’est en train de changer, parce que je pense qu’on a une représentation des genres qui est en train d’évoluer. Ça reste une pathologie féminine, mais de plus en plus d’hommes consultent, même s’ils restent une minorité », nuance Caroline Seguin.
Même si elle est une maladie rare, l’anorexie mentale est la maladie psychiatrique qui engendre le taux de mortalité le plus élevé, jusqu’à 10 % selon les chiffres de la HAS.
C’est une maladie que l’on associe souvent à l’adolescence, puisque l’apparition de l’anorexie mentale et son point de départ surviennent chez des jeunes filles entre 13 et 14 ans, et 16 à 17 ans. C’est à cette période clé de la vie que le rapport au corps et à celui des autres se révèle. Les adolescentes sont souvent focalisées sur l’image que leur corps renvoie à l’école, auprès de leurs amis. L’estime de soi rentre également en compte : « Cette transformation est assez perturbante. Chez un pré-adolescent, c’est déstabilisant. On n’est plus sur un corps d’enfant, mais pas non plus sur un corps d’adulte. » Mais Caroline Seguin se montre là aussi plus mesurée : « Les TCA, on en retrouve au premier jour de vie comme chez des personnes à l’âge adulte, et même de 95 ans. »
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont caractérisés par des comportements alimentaires différents de ceux habituellement adoptés par les personnes vivant dans le même environnement. Ces troubles sont importants et durables, et ont des répercussions psychologiques et physiques.
Selon l’Inserm, la phase anorexique dure entre 1,5 et 3 ans, mais peut durer jusqu’à cinq ans chez certains individus. On estime cependant que deux tiers des patients sont en rémission après cinq ans d’évolution. La croyance qui voudrait qu’on ne se défait vraiment jamais d’un trouble du comportement alimentaire, et donc de l’anorexie mentale, est fausse, insiste Caroline Seguin : « Il faut donner un message d’espoir aux personnes concernées et aux parents. Les troubles du comportement alimentaire sont avant tout des troubles du comportement. Donc si c’est comportemental, cela peut se rééduquer. »La rémission est donc possible, avec le temps et une prise en charge adaptée.
On a longtemps cru que l’anorexie mentale n’était liée qu’à des troubles psychologiques ou relationnels avec les proches. C’est en réalité une maladie « multifactorielle ». « L’anorexie mentale ne touche pas que les ados qui veulent maigrir pour suivre un idéal de beauté, c’est trop restrictif. Ça peut être l’un des facteurs, mais c’est souvent cumulé à de l’hypersensibilité, de la pression sociale à l’école, à une pression des parents, une alimentation trop contrôlée… Il y a plein de facteurs qui contribuent à l’instauration de ce schéma mental », confirme Caroline Seguin.
Des études menées par des chercheurs dans les années 1980 ont également émis une hypothèse et prouvé qu’il pourrait y avoir des facteurs génétiques : « Plusieurs gènes de susceptibilité situés sur des chromosomes différents seraient concernés », affirme ainsi ameli.fr. Mais rappelle l’INSERN, « aucun gène prédisposant directement à l’anorexie mentale n’a été mis en évidence. Il se pourrait plutôt que de nombreux gènes à effet mineur contribuent à l’apparition de ce trouble, en présence d’autres facteurs de risque ». « Ce que l’on remarque, c’est que parfois les TCA se retrouvent dans la famille. C’est souvent le cas de plusieurs personnes atteintes dans l’arbre généalogique », analyse Caroline Seguin.
De manière générale, les enfants sont moins touchés par les troubles du comportement alimentaire, ne représentant qu’entre 1 et 3 cas pour 100 000 patients, selon le Centre de Référence des maladies endocriniennes de la croissance et du développement. Mais il existe des cas d’enfants touchés par l’anorexie mentale à partir de 8 ou 9 ans. Aucun chiffre ne permet de le confirmer, mais les cliniciens dressent le constat que le nombre d’enfants atteints d’anorexie est en augmentation, même s’il reste inférieur au nombre d’adolescents.
Les symptômes physiques des personnes anorexiques seront les mêmes que chez l’adolescent ou l’adulte : « Au niveau de l’état clinique, on va retrouver la même chose : la dénutrition, voire de la maigreur, des peurs alimentaires », explique Caroline Seguin. C’est la construction mentale de la maladie qui est différente de l’anorexie d’une adolescente ou d’un adulte : « C’est souvent lié à une histoire de la petite enfance, voire même de la maternité, ça peut même être in-utero », détaille la nutritionniste.
Une particularité est propre à l’anorexie mentale chez l’enfant : « La restriction hydrique, qui peut conduire à une déshydratation », rapporte la revue Sciences Humaines : « Les enfants étant bien moins experts que leurs aînés adolescents sur la teneur en calories des différents aliments, ils évitent toute sensation de ‘lourdeur’ou de ‘remplissage’ »
« Comme c’est une maladie mutifactorielle, on la soigne grâce à la pluridisciplinarité », insiste Caroline Seguin. Ne consulter qu’un psychiatre ou qu’un diététicien n’est pas suffisant pour un traitement et un résultat efficaces : « Si on axe sur un seul des domaines, il y aura des stigmates importants qui resteront, et donc probablement un échec à la thérapie. Il faut vraiment cibler plusieurs axes de travail. Alimentaire bien sûr, avec un diététicien, ou un endocrinologue, mais aussi, en parallèle, la psychologie, qui est extrêmement importante, et qui doit être un pilier du soin. » Le tout en adaptant la thérapie à la problématique rencontrée par le ou la patiente.
Parfois, le professionnel de santé peut demander une hospitalisation de la personne anorexique. Ainsi, en cas de décompensation psychiatrique aiguë ou de perte de poids importante (en règle générale si l’Indice de masse corporelle — IMC — est inférieur à 15), ou lorsque le poids passe en dessous d’une limite fixée avec le psychiatre référent, l’hospitalisation doit être organisée, de manière programmée, dans un service de psychiatrie spécialisé dans les troubles des conduites alimentaires, de préférence avec l’accord de la personne concernée.
Il s’agit alors d’un "contrat" qui repose sur un cadre rigide établi par le référent :
L’anorexie mentale n’est pas sans conséquences sur le corps d’une personne atteinte. Pour les personnes anorexiques, les complications de l’anorexie sont souvent liées à la dénutrition et aux vomissements. Selon l’Inserm, 87 % des patients peuvent être touchés par une atteinte cardiovasculaire, et l’aménorrhée (l’absence de règles) est constante chez les femmes.
L’Inserm répertorie également des « manifestations hématologiques, un risque d’infections plus important, des perturbations neurologiques, des troubles métaboliques du cholestérol et du glucose, mais également une perte des cheveux, des problèmes rénaux et hépatiques, des constipations… » Ces complications sont — dans la plupart des cas — réversibles lorsque le ou la malade commence à reprendre du poids.
Les conséquences ne sont pas uniquement physiques : « C’est vraiment un envahissement de la pensée, avec chez la personne atteinte une représentation d’elle-même qui s’altère », explique la nutritionniste. « Les complications de l’anorexie impactent tous les niveaux. L’alimentation bien sûr, la relation aux parents, la scolarité, la vie sociale, les tenues vestimentaires, ça perturbe l’identité », poursuit-elle.
Vous l’aurez compris, pour avoir une prise en charge efficace chez l’enfant ou l’adolescent, il faudra qu’elle soit multiprofessionnelle et multidisciplinaire. Le rôle des parents est essentiel. Ce sont eux qui rendent compte d’un amaigrissement ou de l’absence de prise de poids de leur enfant. Le rôle de l’infirmière scolaire peut aussi être très important.