Mes recommandations concernant les T.C.A

L'obésité infantile est une problématique complexe aux causes multiples, et elle est étroitement liée aux troubles du comportement alimentaire (TCA) chez les enfants et adolescents. Les comportements alimentaires d’un enfant obèse peuvent évoluer vers des troubles plus spécifiques comme l’hyperphagie boulimique, caractérisée par des épisodes de surconsommation alimentaire suivis de culpabilité, ou des compulsions alimentaires liées à des situations émotionnelles difficiles, telles que le stress ou le harcèlement scolaire. Il est essentiel d'adopter une approche bienveillante et adaptée pour prévenir et traiter cette pathologie, tout en tenant compte de l'impact psychologique sur l'enfant.

 

Comme le souligne Caroline Seguin, diététicienne comportementaliste, l’obésité infantile ne doit pas être vue comme un simple excès de poids à réduire rapidement. En évitant d’imposer un régime strict, qui pourrait engendrer de la frustration ou même exacerber des comportements restrictifs, le but est de promouvoir un rééquilibrage alimentaire. Cette approche, sans restriction ni privation, est cruciale pour ne pas inciter l’enfant à développer une relation conflictuelle avec la nourriture, car les restrictions trop strictes peuvent favoriser un développement de TCA comme l’hyperphagie boulimique, où l’enfant, se sentant privé, pourrait en venir à des épisodes de consommation excessive en compensation.

 

Les prédispositions familiales et les habitudes alimentaires sont des facteurs importants dans l’obésité infantile, car les enfants apprennent en grande partie des comportements de leurs parents. Si un enfant grandit dans un environnement où les repas sont utilisés pour combler des besoins émotionnels, il peut lui-même reproduire ces comportements à l’âge adulte. Par ailleurs, les expériences de harcèlement scolaire liées au poids sont fréquentes chez les enfants obèses, et elles peuvent altérer durablement leur estime de soi et favoriser des comportements alimentaires compulsifs ou de restriction. Un enfant moqué à cause de son poids peut, pour se protéger, développer des comportements de type anorexie ou boulimie, en cherchant à contrôler son alimentation de manière excessive ou en consommant des quantités importantes d’aliments en réponse au stress.

 

L’objectif n’est donc pas de faire maigrir l’enfant, mais de ralentir sa prise de poids en privilégiant une alimentation équilibrée et diversifiée. Ce rééquilibrage permet à l’enfant de continuer à grandir tout en maintenant son poids stable, ce qui aboutit progressivement à un affinement de sa silhouette. L'importance d'une activité physique régulière est également soulignée pour maintenir un équilibre entre les apports et les dépenses énergétiques, ainsi qu'un bien-être émotionnel.

 

Les parents et le médecin traitant jouent un rôle central dans cet accompagnement, en encourageant des habitudes de vie saines sans imposer de pression excessive sur le poids. L’accompagnement médical ou psychologique permet aussi de gérer les émotions liées aux comportements alimentaires, afin d'éviter que l'enfant ne développe des habitudes qui pourraient évoluer vers un TCA à l'adolescence.

 

En conclusion, pour prévenir et gérer l'obésité infantile, il est primordial de favoriser un cadre bienveillant qui aide l'enfant à s'épanouir dans son rapport à l'alimentation, tout en préservant sa santé physique et mentale. Les mesures éducatives et de sensibilisation sur les habitudes alimentaires sont les clés pour éviter la stigmatisation et réduire les risques de TCA, permettant ainsi à l’enfant d’aborder sereinement son alimentation et son bien-être.

L'obésité infantile : définition, causes, symptômes et traitements

L'experte : Caroline Seguin, nutritionniste comportementaliste et spécialiste des psychothérapies adaptées aux TCA.

Prédispositions familiales, alimentation trop riche, sédentarité… L’obésité infantile touche encore trop d’enfants en France. Comment la diagnostiquer ? Comment la traiter ? Et surtout, comment la prévenir ? On fait le point avec Caroline Seguin, nutritionniste comportementaliste et spécialiste des psychothérapies adaptées aux TCA.

 

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Qu'est-ce qu'un enfant obèse ? La définition de l'OMS

 

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le surpoids et l’obésité sont définis, chez l'enfant comme chez l’adulte, par une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé.

 

Quelques chiffres dans le monde et en France...

 

Le surpoids et l’obésité sont reconnus comme la cinquième cause de mortalité par l’OMS. L’obésité est une maladie chronique, qui selon l’INSERM, touche 17% des adultes en France et 4% des enfants (chiffres de 2015). Autres chiffres : l’obésité infantile concerne 16% des garçons et 18% des filles. Cette maladie résulte « d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques » et peut générer de nombreuses complications.

Chez les enfants, il est important de la diagnostiquer rapidement, et surtout de la prendre en charge dès les premiers signes. L’obésité est une maladie qui peut avoir des conséquences irréversibles, et surtout, un enfant obèse a plus de chances de devenir un adulte obèse : « Il ne faut pas que les parents la négligent. Sous prétexte qu’un enfant n’est pas encore pubère, il y a parfois certains parents qui négligent le surpoids chez le petit. Ça lui donne un côté un peu “poupon”. Pourtant, il ne faut pas banaliser », alerte Caroline Seguin.

Les symptômes de l'obésité infantile : gare à l'IMC

 

Les signes cliniques de l’obésité de l'enfant ou de son surpoids sont parfois difficiles à observer à l’œil nu pour les enfants. L’indice le plus fiable pour la diagnostiquer est l’indice de masse corporelle (IMC), qui se calcule très facilement avec la taille et le poids de l’enfant : « Il faut dire aux parents de bien pister la courbe d’IMC, à travers le carnet de santé notamment », confirme Caroline Seguin. L’IMC est le seul indicateur approuvé par l’Organisation Mondiale de la Santé. Le rôle du médecin traitant ou du pédiatre est indispensable à cet âge-là. C’est lui qui va réaliser un suivi régulier de l’IMC et va pouvoir repérer précocement les enfants qui sont susceptibles de développer un surpoids ou une obésité.

 

Selon ameli.fr, il est recommandé de suivre l’IMC au moins deux à trois par an chez tous les enfants et adolescents.

 

La formule qui permet de calculer l’IMC est la suivante : le poids en kg divisé par la taille au carré. L’enfant est obèse si sont IMC est supérieur au 97e perceptible de la courbe de corpulence.

 

Pour connaître l'IMC de votre enfant, entrez directement les données nécessaires dans les cases ci-dessous : 

Quels signes doivent alerter parents et médecins ? Quand peut-on dire qu'un enfant est obèse ?

 

L’IMC reste l’indice le plus fiable pour repérer à l'aide des courbes des signes d’alerte de surpoids ou d’obésité. Si, en le calculant et en le reportant sur le carnet de santé de votre enfant, vous repérez un « changement de couloir », il faut alors consulter car le risque de surpoids est réel, même si bien sûr, le poids idéal à cet âge n'existe pas : « Si on voit qu’un enfant change de couloir, ça nous prédispose à dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas au niveau de l’alimentation de l’enfant, de la sédentarité, de son hygiène de vie ou du schéma de la famille. Et il faut s’y prendre avant que l’enfant ne devienne obèse », insiste Caroline Seguin. Surveiller la courbe de corpulence est donc indispensable, tout au long de l'enfance.

 

Quel poids à 6 ans ?

 

Une augmentation continue de la courbe depuis la naissance est aussi un signal d’alerte de l'obésité infantile. Chez l’enfant, l’IMC augmente la première année, diminue jusqu’à l’âge de 6 ans, et augmente à nouveau jusqu’à la fin de la croissance.

 

Enfin, le rebond d’adiposité est aussi un signal à surveiller. Ce rebond d’adiposité est le point le plus bas de la courbe de l’IMC, juste avant l’ascension de la courbe. Il se situe normalement aux alentours de six ans. Si ce rebond d’adiposité est précoce et donc survient avant l’âge de six ans, le risque d’obésité de l'enfant est plus élevé. Plus le rebond d’adiposité est précoce, plus le risque d’être un enfant obèse est grand.

Quelles sont les causes de l’obésité infantile ?

 

Il existe aussi des prédispositions génétiques, ou au moins familiales, à l'obésité de l'enfant, notamment chez la mère, qui joue un rôle essentiel. « L’obésité de la femme favorise le développement d’un gros bébé », explique Caroline Seguin. Plus globalement, avoir des parents obèses « questionne leurs habitudes alimentaires et de vie, et il y a de grandes chances pour qu’ils les transmettent à leurs enfants ».

 

Le manque de sommeil, des facteurs psychologiques (harcèlement scolaire, dépression…), la prise de certains médicaments, une anomalie hormonale ou des troubles de l'alimentation sont aussi des facteurs qui peuvent être impliqués dans l’obésité d’un enfant. Le médecin doit veiller à avoir un tableau d’ensemble de la situation de l’enfant, avant de proposer un moyen de la traiter.

Quelles sont les conséquences de l’obésité infantile ?

 

Les conséquences de l'obésité sont nombreuses, et touchent tous les aspects de la vie de l’enfant obèse. Et d’abord des conséquences physiques et médicales : des risques de diabète, d’hypertension artérielle, de troubles du sommeil, de surcharge pour les articulations, des troubles musculo-squelettiques, des mauvaise résistance à l’effort, des difficultés respiratoires… Conséquences qui se reportent à l’adolescence, puis à l’âge adulte, et peuvent impacter l'individu pour sa vie entière.

 

A l’âge adulte, les complications cardiovasculaires sont fréquentes, tout comme le risque de développer certains cancers.

 

Enfin, l'aspect psychologique est aussi important. L'enfant obèse développe plus souvent que les autres une mauvaise estime de soi, des difficultés relationnelles, et il est plus susceptible d’être victime de harcèlement scolaire : « Il y a de grosses difficultés environnementales. Les enfants ne se font pas de cadeaux. On va se moquer de lui, le traiter de gros, notamment lors des activités physiques… », détaille Caroline Seguin. Harcèlement qui peut provoquer des troubles du comportement alimentaire, qui eux-mêmes vont alimenter cette obésité.

Quelle prise en charge et comment traiter l'obésité chez l'enfant ? Comment lutter contre ?

 

Faut-il faire suivre un régime à son enfant en surpoids ? Surtout pas ! « On ne fait jamais un régime. Un régime est une éviction. Il faut au contraire que la famille rééduque l’enfant, lui montre comment on mange bien. ‘Régime’, c’est un mot à bannir, et ce sont des mots qui restent à vie et qui vont donner à l’enfant le sentiment qu’il doit se restreindre. L’enfant ne doit pas se restreindre, il doit apprendre à manger normalement, sur le long terme. C’est un apprentissage. On parle plutôt de rééquilibrage alimentaire », insiste Caroline Seguin. Il ne faut pas aider l’enfant à maigrir, mais plutôt à ralentir sa prise de poids, car comme il va grandir, l’enfant s’affinera.

 

Augmenter l’activité physique régulière est une autre piste pour réduire le surpoids. « Un minimum de 150 minutes d’activité physique modérée par semaine (ou 75 min d’activité intense) est l’objectif à atteindre », conseille l’Inserm.

 

Il existe très peu de traitements médicamenteux pour soigner l’obésité. Le seul médicament autorisé en France est l’Orlistat®, qui agit sur la digestion des graisses. La chirurgie peut également être une option mais n’est réservée qu’aux formes les plus sévères de l’obésité. L’anneau gastrique, le Sleeve, ou le By-pass, sont les chirurgies proposées, mais elles doivent absolument être envisagées en dernier recours, et pas avant 15 ans.

 

Pour Caroline Seguin, une prise en charge de la surcharge pondérale par le médecin traitant est suffisante, « si le médecin prend le temps de parler avec l’enfant ». La famille joue également un rôle important et doit accompagner l’enfant en surpoids dans son objectif de rééquilibrage alimentaire. L’enfant peut également être pris en charge dans l’un des douze centres RePPOP (Réseau de Prévention et de Prise en charge de l'Obésité Pédiatrique) si le médecin traitant n’est pas suffisant. Bienveillance et accompagnement restent le maîtres-mots !